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Préparer son voyage

Qu’est-ce que les routes F en Islande ?

L’Islande, terre de glace et de feu, est souvent associée à sa célèbre route circulaire, la Ring Road. Pourtant, pour ceux qui cherchent à s’affranchir des itinéraires balisés, le véritable cœur sauvage de l’île se dévoile au détour de pistes bien plus exigeantes : les routes F. Ces artères de montagne, souvent rudimentaires, traversent les hauts plateaux désertiques, longent des glaciers millénaires et franchissent des rivières tumultueuses. S’y aventurer n’est pas une décision à prendre à la légère. Cela exige une préparation méticuleuse, un véhicule adéquat et une connaissance fine des défis à relever. Ce guide propose une immersion complète dans l’univers des routes F, pour transformer une simple expédition en une aventure mémorable et maîtrisée au sein des paysages les plus préservés d’Europe.

Les routes F : immersion dans l’Islande sauvage

Les routes f : immersion dans l'islande sauvage

Définition et caractéristiques des routes de montagne

Le terme « route F » provient du mot islandais Fjallvegur, qui signifie littéralement « route de montagne ». Contrairement aux routes asphaltées du réseau principal, les routes F sont des pistes non goudronnées, souvent composées de gravier, de sable volcanique ou de terre battue. Leur état peut varier considérablement, allant d’un chemin de gravier relativement lisse à une piste accidentée parsemée de rochers et de nids-de-poule. L’une de leurs caractéristiques les plus notoires est l’absence de ponts pour traverser les cours d’eau. Les conducteurs doivent donc franchir les rivières à gué, une manœuvre qui constitue l’un des principaux défis de la conduite dans les hauts plateaux. Ces routes ne sont ni entretenues en hiver ni déneigées, les rendant totalement impraticables durant la majeure partie de l’année.

L’attrait d’un monde à part

Opter pour les routes F, c’est faire le choix d’une expérience islandaise authentique et brute. Alors que la Ring Road concentre la majorité du flux touristique, les hauts plateaux offrent un sentiment de solitude et d’isolement presque total. C’est ici que l’on découvre des paysages d’une beauté à couper le souffle, inaccessibles autrement : des déserts de cendre noire à perte de vue, des montagnes aux couleurs surréalistes comme celles du Landmannalaugar, des sources chaudes naturelles cachées au creux des vallées et des points de vue imprenables sur les immenses calottes glaciaires. C’est une invitation à se connecter profondément avec une nature puissante et intacte, loin de l’agitation des sites les plus populaires. L’aventure n’est pas seulement dans la destination, mais bien dans le voyage lui-même, chaque kilomètre de piste réservant son lot de surprises et de défis.

Cette immersion dans une nature aussi exigeante ne peut cependant s’improviser. La première étape cruciale de la préparation consiste à sélectionner une monture capable de dompter ce terrain hostile.

Le choix d’un véhicule adapté pour les routes F

Le 4×4 : une obligation légale et une nécessité technique

Nous préconisons de le souligner : la circulation sur les routes F est strictement interdite à tout véhicule ne disposant pas de quatre roues motrices. Cette règle n’est pas une simple recommandation, mais une obligation légale inscrite dans le code de la route islandais. Les agences de location de voitures sont d’ailleurs très claires à ce sujet et leurs contrats d’assurance ne couvriront aucun dommage survenu sur une route F si le véhicule n’est pas un 4×4 autorisé. Au-delà de l’aspect légal, c’est une question de bon sens. La garde au sol élevée d’un 4×4 est indispensable pour franchir les obstacles et les gués, tandis que sa transmission intégrale assure la motricité nécessaire sur des surfaces meubles et glissantes comme le gravier ou la boue.

Adapter le véhicule à l’itinéraire prévu

Tous les 4×4 ne se valent pas face aux défis des hauts plateaux. Le choix du modèle doit être en adéquation avec la difficulté des pistes que vous envisagez d’emprunter. Un 4×4 compact de type Dacia Duster ou Suzuki Jimny peut suffire pour les routes F les plus accessibles, comme la F35 (Kjölur), qui ne comporte pas de traversées de rivières majeures. Pour des itinéraires plus complexes impliquant des gués plus profonds, un modèle intermédiaire comme un Toyota RAV4 ou un Land Rover Discovery est plus indiqué. Enfin, pour les pistes les plus extrêmes avec des rivières puissantes, seuls les grands 4×4 modifiés, appelés « super jeeps », offrent les garanties de sécurité nécessaires. Ces derniers sont souvent réservés aux excursions guidées.

Recommandations de véhicules selon la difficulté des routes F

Catégorie de 4×4 Capacité de franchissement Exemples de routes F adaptées
Compact (ex: Suzuki Jimny) Petits gués, gravier modéré F35 (Kjölur), F208 (partie nord)
Intermédiaire (ex: Toyota Land Cruiser) Gués de taille moyenne, terrain accidenté F225, F26 (Sprengisandur)
Grand 4×4 / Super Jeep Rivières profondes et rapides, terrain très exigeant F88, F910, F249 (vers Þórsmörk)

Une fois le véhicule choisi, il reste à savoir quand il sera possible de s’engager sur ces pistes, car leur accès est limité à une très courte période de l’année.

Saisons et conditions d’ouverture des routes F

Saisons et conditions d'ouverture des routes f

Une brève fenêtre estivale

Les routes F sont soumises à une saisonnalité très marquée. Elles sont fermées durant tout l’hiver et ne rouvrent que lorsque la fonte des neiges est suffisamment avancée et que les sols dégelés sont assez stables pour supporter le passage des véhicules. Cette période d’ouverture est généralement très courte, s’étendant de la fin du mois de juin à la mi-septembre. Ces dates sont toutefois données à titre indicatif et peuvent varier de plusieurs semaines d’une année à l’autre en fonction des conditions météorologiques. Une année avec de fortes chutes de neige peut retarder l’ouverture jusqu’à la mi-juillet, tandis qu’une première tempête de neige automnale peut entraîner leur fermeture précoce dès le début de septembre.

Consulter les informations officielles : un réflexe indispensable

Il est absolument impératif de ne jamais s’aventurer sur une route F sans avoir préalablement vérifié son statut. L’administration routière islandaise (IRCA) met à jour quotidiennement une carte en ligne sur son site web, `road.is`. Cette ressource est la seule source d’information fiable et indique en temps réel quelles routes sont ouvertes (en vert), fermées (en rouge) ou difficiles (en orange). Ignorer ces informations peut non seulement vous mettre en danger, mais également vous exposer à de lourdes amendes et à des frais de sauvetage exorbitants. Il est conseillé de consulter cette carte le matin même de votre départ, car les conditions peuvent changer très rapidement.

Savoir quand partir est une chose, mais savoir comment se comporter une fois sur la piste en est une autre, tout aussi cruciale pour la réussite de l’expédition.

Conduire en toute sécurité sur les routes F

La préparation : clé d’un voyage serein

La conduite sur les routes F ne tolère pas l’improvisation. Les stations-service et les services sont inexistants dans les hauts plateaux. Une préparation rigoureuse est donc essentielle. Avant de quitter la civilisation, assurez-vous de respecter les points suivants :

  • Faire le plein de carburant : le réservoir doit être plein, car la consommation est plus élevée sur piste et la prochaine pompe peut se trouver à des centaines de kilomètres.
  • Emporter des provisions : prévoyez suffisamment de nourriture et d’eau pour au moins 24 heures de plus que la durée prévue de votre trajet.
  • Vérifier le véhicule : contrôlez la pression des pneus, y compris celle de la roue de secours, et assurez-vous de disposer du matériel nécessaire pour la changer.
  • Informer un proche : laissez votre itinéraire détaillé et votre heure d’arrivée estimée à quelqu’un. Pensez également à soumettre un plan de voyage sur le site `safetravel.is`.

Adopter une conduite adaptée

La vitesse est votre ennemie sur les routes F. Il est primordial de conduire lentement et de manière régulière pour anticiper les obstacles, préserver la mécanique du véhicule et éviter les crevaisons. Restez en permanence sur les pistes balisées. La conduite hors-piste est illégale, extrêmement dangereuse et cause des dommages irréversibles à la fragile végétation des hauts plateaux, qui met des décennies à se régénérer. Soyez également conscient que vous n’êtes peut-être pas seul ; ralentissez et serrez à droite lorsque vous croisez un autre véhicule pour éviter les projections de graviers.

Parmi les défis techniques de cette conduite spécifique, le plus redouté reste sans conteste le franchissement des cours d’eau.

Techniques pour franchir les rivières en Islande

L’analyse du gué : une étape non négociable

Ne vous engagez jamais dans une rivière sans avoir pris le temps de l’évaluer. Arrêtez votre véhicule et sortez pour analyser la situation. Observez la largeur, la vitesse du courant et la couleur de l’eau. Une eau laiteuse et opaque, typique des rivières glaciaires, cache des fonds potentiellement piégeux. Le meilleur endroit pour traverser est souvent le plus large, car le courant y est moins fort et la profondeur moindre. Si vous avez le moindre doute, n’hésitez pas à sonder la profondeur à pied avec un bâton de marche. En règle générale, si l’eau dépasse le haut de vos genoux, il est plus sage de renoncer. Notez que le débit des rivières glaciaires augmente au fil de la journée avec la fonte ; il est donc préférable de traverser tôt le matin.

La manœuvre de franchissement

Une fois le point de passage choisi, la technique est primordiale. Engagez le mode 4×4 et passez en première vitesse courte (4L si disponible). Entrez dans l’eau lentement, puis maintenez une vitesse constante et faible (environ 5 km/h) pour créer une vague devant le capot (la vague d’étrave), ce qui abaisse le niveau de l’eau autour du moteur. Dirigez votre véhicule légèrement en amont, en formant un angle avec le courant, pour contrer sa poussée. Ne changez jamais de vitesse et ne vous arrêtez sous aucun prétexte au milieu du gué. Une fois de l’autre côté, laissez le moteur tourner quelques instants et pompez doucement sur les freins pour évacuer l’eau.

Maintenant que vous êtes armé des connaissances techniques nécessaires, il est temps de découvrir quels trésors ces pistes permettent d’atteindre.

Les itinéraires incontournables des routes F

Les itinéraires incontournables des routes f

Les classiques pour une première approche

Pour une première expérience des hauts plateaux, certaines routes F sont plus accessibles que d’autres. La F35 (Kjölur) est sans doute la plus célèbre. Elle traverse l’Islande du nord au sud entre deux glaciers et ne comporte aucun gué majeur, la rendant praticable pour la plupart des 4×4. Elle donne accès à la zone géothermique de Hveravellir. La F208, dans sa partie nord menant au Landmannalaugar, est une autre porte d’entrée magnifique, offrant un spectacle de montagnes colorées, bien qu’elle comporte quelques petits gués à négocier.

Pour les aventuriers confirmés

Les conducteurs plus expérimentés et équipés d’un véhicule robuste pourront se lancer sur des pistes plus exigeantes. La F26 (Sprengisandur) est une longue traversée du désert noir central, une expérience d’isolement total. La F88 vers le volcan Askja est réputée pour ses paysages lunaires et ses traversées de rivières parfois redoutables. Enfin, la piste F249 menant à la vallée de Þórsmörk est l’une des plus difficiles du pays, avec le franchissement de la rivière Krossá, une manœuvre réservée aux super jeeps et aux conducteurs les plus aguerris.

Un impératif : le respect de la nature

Explorer ces territoires sauvages est un privilège qui s’accompagne d’une grande responsabilité. L’écosystème des hauts plateaux est extrêmement fragile. La moindre trace de pneu hors des sentiers balisés peut laisser une cicatrice visible pendant des décennies. Il est donc fondamental de pratiquer une conduite respectueuse, de ne laisser aucune trace de son passage et de préserver la beauté de ces paysages pour les générations futures.

L’exploration des routes F islandaises est bien plus qu’un simple voyage, c’est une véritable expédition au cœur d’une nature primitive. Elle requiert une préparation sérieuse, un véhicule adapté et une conduite prudente, notamment lors des délicats franchissements de rivières. En respectant ces principes et l’environnement exceptionnel des hauts plateaux, les voyageurs sont récompensés par des paysages d’une beauté inoubliable et un sentiment d’aventure rare. Les pistes sauvages de l’Islande attendent ceux qui sont prêts à relever le défi.

Emma About Author

Je m'appelle Emma, une amoureuse du voyage, avide de découvertes et de nouvelles rencontres. C'est cette passion qui m'a poussée à rejoindre l'équipe de Voyage Unique, où je peux partager mon enthousiasme pour l'exploration et le dépaysement. Mordue d'aventure depuis toujours, j'ai eu la chance de parcourir les quatre coins du globe, des montagnes enneigées de l'Himalaya aux plages paradisiaques de Thaïlande. Chaque lieu visité est une source d'inspiration que je me fais un plaisir de partager au sein de ce blog. Mon implication dans Voyage Unique est plus qu'un simple hobby : c'est une véritable vocation qui me permet d'allier mon amour pour l'écriture à ma fascination pour le monde qui nous entoure.