Le “98”, c’est un peu le numéro qui intrigue. On connaît les 75, 13, 59, 33… On sait à peu près situer un 29, un 06 ou un 69 sur une carte. Mais dès qu’on parle du département 98, les regards se croisent, les épaules se haussent, et la question tombe :
“Mais… ça se trouve où, au juste ?”
Spoiler : le 98 n’est pas un département comme les autres. Ce n’est pas une “zone” que tu peux pointer du doigt sur une carte de France métropolitaine. C’est un code administratif, une manière de regrouper des territoires ultramarins à statut particulier, qui n’entrent pas proprement dans les cases habituelles des départements et régions français.
On va donc démêler tout ça : ce que recouvre ce fameux 98, quels territoires sont concernés, pourquoi ils sont à part, et ce que cela implique concrètement pour les habitants.
Département 98 : ce que c’est… et ce que ce n’est pas
Commençons par lever l’ambiguïté :
Non, le département 98 n’est pas un “98e département” posé après les 97 et quelques. Ce n’est pas, non plus, une région précise avec un chef-lieu bien défini.
Un code pour regrouper des territoires à statut spécifique
Le 98 est utilisé comme un code de regroupement administratif pour plusieurs territoires d’outre-mer qui ne sont pas des départements classiques, mais des collectivités à statut particulier.
Autrement dit :
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ce ne sont pas des départements comme la Gironde, le Nord ou le Rhône
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ce ne sont pas non plus exactement les mêmes structures que les DOM historiques
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mais ce sont bien des territoires français, avec des liens forts à l’État, et des règles adaptées à leurs réalités locales
Pas un département “géographique” au sens habituel
Dans la vie quotidienne, personne ne dira “j’habite dans le département 98”. On parlera de :
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Nouvelle-Calédonie
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Polynésie française
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La Réunion, etc.
Le 98 sert surtout de point de repère administratif, pratique pour les fichiers, les classifications et certains traitements nationaux, quand il faut regrouper des territoires qui ne rentrent pas dans les cadres standards.
Pourquoi avoir choisi le numéro 98 ?
On pourrait croire que le 98 a été choisi au hasard, mais en réalité, il obéit à une logique simple : laisser une place à part pour l’“hors norme”.
Un numéro pour ce qui ne rentre pas dans les cases
Depuis toujours, la numérotation des départements suit une logique plus ou moins géographique et historique. Mais quand il a fallu intégrer des territoires ultramarins avec des statuts particuliers, l’État a dû trouver une manière de :
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les reconnaître comme français,
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sans les traiter exactement comme des départements métropolitains,
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tout en permettant aux administrations de les identifier et de les gérer ensemble.
Résultat : le 98 est devenu un code-passerelle, utile pour certains systèmes de classement ou de statistiques, pour désigner tout un ensemble de collectivités qui sortent du schéma classique.
Un statut administratif à part : entre département et collectivité autonome
Ce qui fait le cœur du “département 98”, ce n’est pas la géographie, mais le statut administratif des territoires qui y sont associés.
Des collectivités à statut particulier
Les territoires rattachés à ce code sont des collectivités territoriales qui n’ont pas exactement le même statut qu’un département de métropole :
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elles disposent souvent d’une large autonomie locale
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certaines ont un gouvernement, un congrès ou une assemblée propre
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elles peuvent adapter, voire produire, une partie de leurs règles dans certains domaines
C’est le cas, par exemple, de la Nouvelle-Calédonie, qui bénéficie d’un statut sui generis, avec une organisation politique et institutionnelle très spécifique.
Un cadre juridique distinct du “modèle départemental”
Dans ces territoires, le droit applicable ne recopie pas toujours celui de l’Hexagone :
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certaines lois nationales sont adaptées ou ne s’appliquent pas telles quelles
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des compétences importantes (économie, fiscalité, parfois santé ou droit du travail) peuvent être exercées localement
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l’État reste présent, mais avec une répartition des rôles différente
On est donc sur des modèles hybrides, à mi-chemin entre un département classique et une région autonome.
Quels territoires sont liés au département 98 ?
Plusieurs territoires d’outre-mer sont, selon les contextes, associés à ce code administratif. Regardons les plus emblématiques.
Nouvelle-Calédonie : l’exemple le plus parlant
La Nouvelle-Calédonie est le cas d’école du territoire “98” à statut spécial :
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située dans le Pacifique Sud
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dotée d’un gouvernement local
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avec un congrès qui vote une grande partie des règles applicables sur place
Elle dispose de compétences élargies dans de nombreux domaines :
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économie
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fiscalité
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santé
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certaines politiques publiques locales
L’État français est toujours là, mais la Nouvelle-Calédonie a la main sur une bonne partie de son fonctionnement. C’est un modèle pensé pour tenir compte de son histoire, de sa géographie et de ses enjeux politiques.
La Réunion : un DOM, mais parfois rangée dans ce regroupement
La Réunion est, juridiquement, un département et une région d’outre-mer. Elle partage certains traits avec les départements métropolitains :
application du droit commun, représentation classique, institutions alignées sur le modèle français.
Mais dans certains contextes de classification, notamment lorsqu’on parle de la grande famille des territoires d’outre-mer, elle peut être regroupée avec les autres sous le “98” pour simplifier certains traitements administratifs ou statistiques.
Sur le terrain, la réalité reste très spécifique :
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éloignement géographique
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contexte économique et social particulier
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enjeux de transport, d’emploi, de vie chère, etc.
D’où la nécessité d’ajuster les politiques publiques – même si la structure institutionnelle ressemble à celle d’un département classique.
Polynésie française et autres collectivités
La Polynésie française est un autre exemple de collectivité ultramarine qui dispose d’une large autonomie, tout en restant sous souveraineté française.
Concrètement :
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un gouvernement local
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des compétences importantes au niveau législatif
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des dispositifs spécifiques en matière de fiscalité et de développement économique
Ces aménagements permettent de coller au plus près aux réalités :
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ultra-isolement géographique
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économie tournée vers le tourisme, la mer, l’importation
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enjeux environnementaux très particuliers
D’autres territoires d’outre-mer, aux statuts proches, peuvent être associés à ce “bloc 98” pour faciliter certaines classifications nationales.
Quelles responsabilités pour les territoires du “98” ?
Ce regroupement sous le code 98 ne veut pas dire “moins de responsabilités”, au contraire. Ces collectivités doivent gérer de nombreux dossiers clés à leur niveau.
Autonomie de décision sur des sujets de première ligne
Dans la plupart de ces territoires, les collectivités locales ont la main sur :
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le développement économique
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la formation professionnelle
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une partie de la santé publique
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la gestion de certaines infrastructures
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la valorisation des ressources naturelles
Cette autonomie permet :
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d’adapter les décisions aux réalités locales
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de ne pas appliquer mécaniquement des solutions pensées pour la métropole
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d’être plus réactif sur des enjeux très spécifiques (mer, climat, insularité…)
La mer, un enjeu central
Beaucoup de ces territoires sont des îles ou des archipels. Conséquences :
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enjeux majeurs de protection des écosystèmes marins
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gestion de la pêche et des ressources halieutiques
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réflexion autour de l’économie bleue (tourisme, énergie, transport, etc.)
Cette dimension maritime renforce la nécessité d’avoir des politiques publiques locales, au plus près des réalités de terrain.
Faire partie du “département 98” : atout ou casse-tête ?
Comme souvent avec les statuts particuliers, il y a des avantages évidents, mais aussi des contraintes.
Les avantages
Être rattaché à ce “98”, c’est :
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bénéficier d’un statut adapté, qui laisse plus de marge de manœuvre qu’un département classique
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pouvoir adapter certaines lois et règlements aux réalités locales
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mettre en place des politiques économiques sur mesure, par exemple pour attirer des investissements, soutenir certains secteurs clés ou répondre à des défis spécifiques
En clair : ces territoires ne sont pas “des départements comme les autres”, et ce statut le reconnaît officiellement.
Les contraintes
L’envers de la médaille, c’est que cette autonomie :
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complexifie les relations avec l’État central
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peut rendre les discussions plus sensibles dès qu’il s’agit de financement, de solidarité nationale, de réformes
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oblige à négocier en permanence un équilibre entre :
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les attentes locales
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les contraintes nationales
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les engagements internationaux de la France
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Les habitants, eux, peuvent parfois avoir le sentiment de “ne pas être complètement dans le moule”, ni totalement alignés sur la métropole, ni entièrement libres.
Quel avenir pour les collectivités du “département 98” ?
L’avenir du bloc “98” est tout sauf figé. Il est au cœur de débats politiques et institutionnels réguliers.
Vers plus d’autonomie pour certains territoires ?
Plusieurs collectivités ultramarines expriment régulièrement des aspirations à plus d’autonomie, voire à des formes de souveraineté renforcée.
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La Nouvelle-Calédonie a déjà organisé plusieurs référendums sur l’indépendance.
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La Polynésie française développe de plus en plus sa coopération régionale avec les autres pays du Pacifique, tout en restant rattachée à la France.
Dans ce contexte, la question n’est pas seulement juridique. Elle touche à :
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l’identité
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la gestion des ressources
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le lien à la République
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le modèle de développement choisi
Un équilibre à trouver pour la France
Pour l’État, le défi est double :
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reconnaître et respecter les identités, les besoins et les spécificités locales
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tout en maintenant un lien national solide, cohérent, et une certaine forme d’égalité entre tous les citoyens français, où qu’ils vivent
Le “département 98”, avec ses collectivités multiples, est donc à la fois :
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un casse-tête administratif
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un laboratoire politique
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et un révélateur des questions que la France doit affronter sur son rapport à l’outre-mer



