Surnommée la Dotta, la Grassa, la Rossa, soit la savante, la grasse et la rouge, Bologne condense en trois mots l’essence même de son identité. Capitale de l’Émilie-Romagne, la ville se distingue par son patrimoine universitaire millénaire, sa gastronomie réputée dans le monde entier et l’ocre chaleureux de ses façades et de ses toits. Loin des foules de Rome ou de Venise, elle offre une expérience italienne authentique, rythmée par le pas des étudiants et l’animation de ses marchés médiévaux. Explorer Bologne, c’est déambuler sous des kilomètres d’arcades uniques au monde, découvrir des trésors artistiques insoupçonnés et succomber à une tradition culinaire aussi généreuse qu’exigeante.
Explorer la Piazza Maggiore
Véritable cœur battant de la cité, la Piazza Maggiore est bien plus qu’une simple place. C’est le point de rendez-vous des Bolonais, le théâtre des événements majeurs et un musée à ciel ouvert. Dès les premiers pas, le visiteur est saisi par l’harmonie architecturale et l’immensité de cet espace bordé par les plus importants édifices civils et religieux de la ville médiévale.
Les monuments incontournables de la place
Chaque bâtiment entourant la place raconte une partie de l’histoire de Bologne. Il est essentiel de prendre le temps de les observer et, si possible, de les visiter pour comprendre la richesse du patrimoine local. Parmi les plus emblématiques, on retrouve :
- La basilique San Petronio : Dédiée au saint patron de la ville, cette basilique impressionne par ses dimensions monumentales et sa façade inachevée qui lui confère un charme singulier. Elle abrite le plus grand cadran solaire au monde.
- Le Palazzo d’Accursio : Ancien siège du gouvernement de la ville, cet édifice abrite aujourd’hui l’hôtel de ville ainsi que les collections d’art municipales. Sa tour de l’horloge offre une belle vue sur la place.
- Le Palazzo del Podestà : Situé en face de la basilique, ce palais se distingue par sa tour Arengo, dont la cloche appelait jadis les citoyens à se rassembler. Son quadriportique est réputé pour son effet acoustique surprenant.
L’atmosphère d’un lieu chargé d’histoire
Se poser à une terrasse de café sur la Piazza Maggiore, c’est s’offrir une immersion directe dans la vie bolonaise. Le flot continu des passants, des étudiants aux familles, crée une atmosphère vivante et conviviale. Au centre, la fontaine de Neptune, œuvre du sculpteur Giambologna, est un chef-d’œuvre de la Renaissance qui symbolise la puissance de la papauté sur le monde. C’est un point de départ idéal pour toute exploration de la ville.
Après s’être imprégné de l’effervescence politique et sociale de ce centre névralgique, il est naturel de se tourner vers un autre pilier fondamental de l’identité bolonaise : son héritage intellectuel séculaire.
Découvrir l’Université de Bologne
Fondée en 1088, l’Alma Mater Studiorum n’est pas seulement une institution académique de premier plan, c’est aussi la plus ancienne université du monde occidental. Son influence a façonné la ville, lui valant son surnom de « la Dotta » (la savante). Visiter ses sites historiques, c’est plonger dans près d’un millénaire de savoir et de transmission.
Le Palazzo dell’Archiginnasio, un joyau architectural
Le siège historique de l’université, le Palazzo dell’Archiginnasio, est un passage obligé. Construit au XVIe siècle pour regrouper les différentes facultés, son intérieur est spectaculaire. Les murs et les plafonds de ses coursives et de ses salles sont entièrement recouverts des armoiries des milliers d’étudiants et de professeurs qui y sont passés. C’est un témoignage vibrant de son histoire cosmopolite.
Le théâtre anatomique et la bibliothèque municipale
À l’intérieur de l’Archiginnasio se trouvent deux lieux d’exception. Le théâtre anatomique, entièrement sculpté en bois de sapin, est une salle fascinante où se déroulaient autrefois les leçons d’anatomie avec dissections publiques. Au centre trône une table de marbre, sous le regard des statues de grands médecins de l’histoire. Juste à côté, la bibliothèque municipale de l’Archiginnasio conserve des manuscrits et des livres d’une valeur inestimable dans un cadre somptueux.
De la connaissance intellectuelle qui a élevé l’esprit de la ville, le regard se porte naturellement vers les hauteurs physiques, ces tours qui témoignent de la puissance et de l’ambition de ses anciennes familles.
Grimper la Tour Asinelli pour une vue inoubliable
Bologne était autrefois surnommée la « ville des tours », comptant plus d’une centaine de ces constructions médiévales. Aujourd’hui, une vingtaine subsistent, mais deux d’entre elles, les sœurs penchées Asinelli et Garisenda, sont devenues l’emblème incontesté de la ville. L’ascension de la plus haute des deux est une expérience mémorable.
Une ascension exigeante mais gratifiante
Il ne faut pas sous-estimer l’effort : 498 marches vous séparent du sommet de la tour Asinelli. L’escalier en bois, étroit et parfois raide, serpente à l’intérieur de la structure médiévale. Chaque palier est une occasion de reprendre son souffle et d’admirer la construction. La récompense au sommet est à la hauteur de l’effort fourni, offrant un panorama à couper le souffle.
Un panorama à 360 degrés sur « la Rossa »
Depuis le sommet, à 97,2 mètres de hauteur, Bologne se déploie dans toute sa splendeur. La vue sur les toits de tuiles rouges est spectaculaire et justifie pleinement le surnom de « la Rossa ». On peut admirer la Piazza Maggiore, repérer les principaux monuments et suivre du regard les collines verdoyantes qui entourent la ville. C’est le meilleur moyen de saisir l’organisation urbaine de la cité médiévale.
Comparaison des deux tours emblématiques
| Caractéristique | Tour Asinelli | Tour Garisenda |
|---|---|---|
| Hauteur | 97,2 mètres | 48 mètres |
| Inclinaison | 1,3 degré | 4 degrés |
| Nombre de marches | 498 | Non accessible au public |
| Année de construction | 1109-1119 | 1109-1119 |
Après avoir contemplé la ville d’en haut et ouvert son appétit avec cet effort physique, il est temps de redescendre pour explorer l’autre facette de Bologne, celle qui lui a valu son surnom de « la Grassa ».
Goûter aux délices culinaires locaux
Visiter Bologne sans se plonger dans sa gastronomie serait une erreur impardonnable. La ville est la capitale d’une région considérée comme le berceau de la cuisine italienne. Ici, la nourriture est une culture, un art de vivre et une source de fierté. Les plats sont riches, savoureux et préparés selon des recettes transmises de génération en génération.
Les incontournables pâtes fraîches
La spécialité la plus célèbre est sans conteste les tagliatelle al ragù. Attention, ne demandez jamais des « spaghetti bolognese », qui n’existent pas ici. Le véritable ragù est une sauce à base de viande longuement mijotée, servie sur de larges pâtes fraîches aux œufs. L’autre star locale est le tortellino, une petite pâte farcie à la viande, traditionnellement servie dans un bouillon de chapon (in brodo).
Les trésors de la charcuterie et du fromage
La gastronomie bolonaise ne se résume pas aux pâtes. La région est le berceau de produits d’exception, à déguster en apéritif ou en plat principal. Voici une sélection à ne pas manquer :
- La Mortadella di Bologna : Une charcuterie fine et parfumée, souvent imitée mais jamais égalée.
- Le Prosciutto di Parma : Le célèbre jambon de Parme, produit dans la région voisine.
- Le Parmigiano Reggiano : Le roi des fromages italiens, dont les meules sont affinées pendant des mois.
- Le culatello di Zibello : Une charcuterie d’exception, considérée par beaucoup comme supérieure au jambon de Parme.
Pour trouver ces produits frais et s’immerger dans l’ambiance gourmande de la ville, il n’y a pas de meilleur endroit que le plus ancien marché de Bologne.
Flâner dans le quartier historique du Quadrilatero
Juste à l’est de la Piazza Maggiore se trouve le Quadrilatero, le cœur commercial de Bologne depuis le Moyen Âge. Ce dédale de ruelles étroites a conservé son atmosphère d’antan, avec ses échoppes, ses traiteurs et ses ateliers d’artisans. C’est un lieu vibrant où tous les sens sont en éveil, entre les parfums de mortadelle, les couleurs des étals de fruits et le brouhaha des conversations.
Un marché à ciel ouvert
Se perdre dans les rues du Quadrilatero est une expérience en soi. Les noms des rues, comme Via Pescherie Vecchie (rue des anciennes poissonneries) ou Via Drapperie (rue des drapiers), rappellent les corporations qui s’y trouvaient. Aujourd’hui, on y trouve les meilleures boutiques de produits locaux : charcuteries, fromageries, boulangeries, et marchands de pâtes fraîches. C’est l’endroit idéal pour composer un pique-nique ou acheter des souvenirs gastronomiques.
Le Mercato di Mezzo
Au cœur du quartier, le Mercato di Mezzo est un marché couvert moderne qui propose une excellente sélection de stands de restauration. On peut y déguster sur place toutes les spécialités de la région dans une ambiance conviviale. C’est une excellente option pour un déjeuner rapide et de qualité, permettant de goûter à plusieurs plats en petites portions.
Une fois rassasié des plaisirs terrestres du centre-ville, une promenade digestive et spirituelle s’impose, menant à l’un des lieux les plus chers au cœur des Bolonais.
Visiter le Sanctuaire Madonna di San Luca
Perché sur la colline de la Garde (Colle della Guardia), le Sanctuaire de la Madonna di San Luca domine la ville et la campagne environnante. C’est un lieu de pèlerinage majeur mais aussi une destination prisée pour les promenades dominicales. L’atteindre est une expérience unique, grâce au plus long portique du monde qui y mène.
Le chemin de croix sous les arcades
Le chemin qui relie la ville au sanctuaire est une œuvre architecturale extraordinaire. Ce portique, long de près de 4 kilomètres, est composé de 666 arches. Il fut construit pour protéger les pèlerins des intempéries lors de leur montée vers la basilique. Marcher sous ces arcades, en découvrant les chapelles qui jalonnent le parcours, est une expérience paisible et méditative, que l’on soit croyant ou non.
Un panorama et un symbole
Arrivé au sommet, l’effort est récompensé par deux choses. D’abord, la visite du sanctuaire lui-même, un bel exemple d’architecture baroque qui abrite une icône byzantine de la Vierge à l’Enfant. Ensuite, une vue panoramique spectaculaire sur les collines d’Émilie-Romagne d’un côté et sur les toits rouges de Bologne de l’autre. C’est un lieu qui offre sérénité et inspiration.
De la ferveur de la Piazza Maggiore à la quiétude du sanctuaire San Luca, en passant par le savoir de l’université et les saveurs du Quadrilatero, Bologne se révèle être une ville aux multiples facettes. Chaque quartier, chaque monument et chaque plat raconte une histoire, celle d’une cité qui a su préserver son authenticité tout en vibrant d’une énergie contemporaine. Grimper ses tours, arpenter ses marchés et se perdre sous ses arcades constituent les chapitres d’une découverte riche et mémorable.
