Le retour du loup gris en France est une success story écologique, mais aussi une source de tensions grandissantes avec les éleveurs. Depuis les années 90, ce prédateur a progressivement reconquis une grande partie du territoire, changeant le visage de nombreuses campagnes.
Le retour spectaculaire du loup gris en France
Réapparu naturellement par l’Italie dans les années 1990, le loup gris (Canis lupus lupus) a d’abord recolonisé le massif alpin, avant de s’étendre vers le sud, le centre, puis désormais le nord-ouest et l’ouest du pays.
Selon le dernier rapport 2024 de l’Office Français de la Biodiversité (OFB) :
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la population est estimée à 1 104 individus en France au printemps 2024 (chiffres officiels),
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répartis dans plus de 53 zones de présence permanente,
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touchant au moins 80 départements.
Cette expansion est possible grâce à une forte capacité de dispersion : un loup peut parcourir plus de 80 km par jour.
Les départements où les loups sont les plus nombreux
Le bastion historique du loup, ce sont toujours les Alpes, mais la dynamique s’est déplacée. Voici les départements les plus concernés par une présence forte ou en forte progression :
🏔️ Présence très forte (meutes établies)
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Alpes-de-Haute-Provence
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Alpes-Maritimes
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Hautes-Alpes
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Drôme
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Savoie
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Isère
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Var
Ces départements abritent la majorité des meutes reproductrices identifiées par l’OFB. Les attaques sur troupeaux y sont fréquentes, malgré les mesures de protection.
🌾 Présence forte à moyenne
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Haute-Loire
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Lozère
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Puy-de-Dôme
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Ardèche
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Aveyron
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Vosges
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Jura
Dans ces zones, la présence est désormais permanente ou en voie de stabilisation.
🧭 Nouvelle expansion (présence occasionnelle ou récente)
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Deux-Sèvres
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Haute-Vienne
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Sarthe
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Indre
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Manche
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Aisne
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Finistère
Depuis 2023, des signalements crédibles ont été enregistrés jusqu’en Bretagne et dans le Centre-Ouest, des régions autrefois jugées peu propices.
Coexistence difficile avec les éleveurs
La progression des loups n’est pas sans conséquence. En 2024 :
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plus de 12 000 attaques ont été recensées sur des troupeaux en France (source : DREAL & DDT),
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causant des pertes importantes, surtout dans les Alpes et le Massif central.
Des éleveurs, comme Alain Baudouin dans le Vercors ou Dorothée Martin dans la Drôme, expriment leur exaspération :
« Le loup complique énormément notre métier… La société protège le loup, pas les paysans. »
Les mesures de protection (chiens, clôtures, gardiennage) restent coûteuses et imparfaites. Beaucoup se sentent abandonnés par l’État.
Le Plan Loup 2024-2029 : un fragile compromis
Pour tenter d’apaiser les tensions, le Plan National d’Actions Loup & Activités d’Élevage (PNA) prévoit :
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un quota de prélèvements : 209 loups autorisés à l’abattage en 2024,
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des indemnisations renforcées pour les éleveurs victimes d’attaques,
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des aides pour les mesures de protection,
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un meilleur suivi génétique et comportemental des meutes.
Mais ces prélèvements restent très controversés. Des associations de défense de la faune, comme FERUS ou la LPO, rappellent que le loup reste une espèce strictement protégée par la Convention de Berne et la directive Habitats de l’UE.
Une cohabitation à réinventer
La présence du loup interroge notre rapport à la nature. Elle bouleverse l’équilibre rural, mais elle rappelle aussi une évidence :
la biodiversité revient là où on lui laisse de la place.
Trouver des solutions durables, respectueuses à la fois du vivant sauvage et de l’humain rural, sera sans doute l’un des grands défis de la décennie à venir.
🧭 À retenir
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+1 100 loups recensés en France en 2024.
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Présence établie dans plus de 80 départements.
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Attaques sur troupeaux en hausse, surtout dans les Alpes et le Massif central.
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Débat tendu entre écologie et élevage.
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Plan national en cours, mais contesté.